Philosophie du quotidien
Extrait d'un cours de philosophie que je trouve intéressant à partager:
"Doit-on toujours rechercher une herbe toujours plus verte?"
Le sujet pose la question de savoir si l'on doit se contenter de ce que l'on a, ou au contraire, chercher constamment à aller vers un mieux, et ce, dans quelque domaine que ce soit.
Avant de voir si nous le devons, il faut commencer par voir si nous le pouvons. A quoi sert de savoir qu'il faut faire ceci ou cela, si nous n'en sommes pas capables?
Nous avons donc examinés les obstacles qui nous empêchent parfois de franchir la clôture qui nous sépare d'une herbe plus verte. Ces obstacles peuvent prendre la forme d'une certaine passivité: on ne fait rien pour atteindre l'herbe plus verte,on attend qu'elle vienne à nous. Ou bien on s'est résigné, on a renoncé à espérer pour l'herbe plus verte. Ou bien on a peur: peur de l'inconnu, peur de ne pas trouver mieux, voire de trouver pire, ou enfin, on a peur de ne pas être capable d'atteindre cette herbe attrayante... Chacun de ces obstacles peut-être surmonté. Ainsi, on peut rechercher une herbe toujours plus verte.
Mais le doit-on?
Il semblerait que oui: si l'herbe rend heureux, une herbe toujours plus verte rend toujours plus heureux. Si on peut l'atteindre, il ne faut pas s'en priver. Le bonheur est en effet un besoin naturel pour soi, mais c'est aussi une obligation morale envers les autres, qui souffrent quand nous n'allons pas bien ( parce qu'on se plaint auprès d'eux, ou parce qu'ils s'inquiètent pour nous, etc ). On doit être heureux, et même de plus en plus heureux. Mais chercher un mieux, n'est-ce pas être dans une interminable quête? Le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien?
Chercher toujours mieux est une spirale qui loin de rendre heureux, conduit à une insatisfaction permanente. D'autant qu'il arrive fréquemment que la valeur d'une chose diminue à nos yeux dès qu'on l'obtient ou avec le temps... A regarder toujours l'herbe plus verte ailleurs ( celle dans nos rêves éveillés, par exemple ), on en vient à trouver celle qui est bien jaune. Or, "il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir" ( Matisse). S'efforcer d'estimer à sa juste valeur ce que l'on a, peut-être le secret du bonheur...
Ou pas! Car parfois, il est important de partir, notamment quand on n'est pas bien où l'on est. Alors que faire?
La réponse est peut-être celle-ci: il faut s'interroger soi-même pour savoir ce qui nous est essentiel, ce qui est le plus important à nos yeux ( l'amour, l'amitié, la musique, etc).
Dans ces domaines, il faut sans cesse rechercher plus vert. C'est ce qui nous rend durablement et profondément heureux. Dans les autres domaines, quand on n'est pas bien où l'on est, il faut se rappeler que si l'on n'avance pas vers la clôture qui nous sépare d'une herbe plus verte, ce n'est pas la clôture qui se rapprochera de nous...