Nos états d'âme
Les états d'âme sont le siège de la conscience de soi.
Damasio cite Malbranche: "C'est par la lumière et une idée claire, que l'esprit voit les essences des choses, les nombres et l'étendue. C'est par une idée confuse ou sentiment qu'il juge de l'existence des créatures et qu'il connaît la sienne propre."
Si nous n'y prenons pas garde, nous ne ferons fonctionner notre cerveau que pour faire des choses, et nous oublierons de nous sentir être, de nous observer en train de vivre. De ce fait nous passerons à côté de la moitié de notre vie. Pas si grave diront certains, il restera tout de même l'autre moitié: nos actions, nos réactions aux demandes de notre environnement. Mais en évacuant nos états d'âme, en ne leur prêtant pas attention, nous resterons de simples "machines à vivre", selon l'expression de Paul Valéry. Et un sentiment de vide, inquiétant ou attristant, nous envahira parfois, dès que nous cesserons d'agir ou de réagir.
Nous avons besoin de l'introspection, besoin de regarder au dedans de nous-même. Certes, à trop se pencher sur soi, on peut basculer et se noyer en soi-même. Certes l'introspection seule ne suffit pas; il faut vivre aussi, et l'action et la rencontre nous apprennent et nous révèlent beaucoup sur nous. Peut-être même nous en disent-elles plus que l'introspection sur ce que nous sommes. Mais sans doute moins sur comment nous le sommes et sur ce que cela nous fait de l'être.
Pourquoi dans de tels instants ne prenons nous pas le temps de respirer profondément, de nous étirer et de nous dire: "Que se passe-t-il en moi?Qu'est-ce qui ne va pas?Quel est cet inconfort en moi?Que dois-je accepter et que puis-je changer?" Puis passer à autre chose et voir ce que cela donne si les états d'âme désagréables reviennent, c'est peut-être que le travail d'introspection et de pacification reste à faire. Prendre alors le temps d'y réfléchir, maintenant, plus tard, ce soir, avec l'esprit clair.